Bourse d’accompagnement SmartBe 2012

Modifiée le : 14/08/2012

codes iconographiques et des genres artistiques

Rapport Bourse d’accompagnement SmartBe 2012

Je mène depuis quelques années un travail fondé sur une analyse des codes iconographiques et des genres artistiques. Mon intention est d’interroger nos systèmes de représentation, le plus souvent dans ce qu’ils ont de paradoxal. Mon travail se décline surtout sous forme de photographies. Aujourd’hui, la manipulation digitale fait partie intégrante de ma démarche artistique. Les questions du « leurre », du « faux semblant » et de l’ « image lisse » sont centrales dans mon travail. Initialement formée à la pratique de la peinture, je suis autodidacte pour le traitement numérique des images et mon utilisation du logiciel Photoshop restait intuitive et peu optimale.

J’ai sollicité une bourse d’accompagnement auprès de Smartbe dans le but de pouvoir réaliser d’une nouvelle série de photographies : Les Allégories. Comme dans mes travaux précédents, la démarche consiste à revisiter un style et un genre historique, d’en détourner les codes pour renvoyer avec ironie à ceux de l’imagerie publicitaire actuelle.

Je me suis intéressée ici aux avatars académiques du style néo-classique dans la peinture du XIXe siècle et plus particulièrement à la figure de William Bouguereau (1825-1905). Héros de la peinture officielle de son temps, il fut un véritable repoussoir pour les avant-gardes qui vilipendèrent sa facture lisse et minutieuse dont Huysmans disait : « Ce n’est même plus de la porcelaine, c’est du léché flasque ». Il est l’auteur de nombreux tableaux allégoriques mettant en scène des personnages séduisants, souvent dénudés.

La référence à l’image de type « magazine », parfaite et formatée, induisait, pour le travail de ces photographies, le recours à des techniques avancées de retouche digitale.

La formation de 30 heures auprès de Michel Dubois m’a permis d’acquérir une connaissance beaucoup plus pointue de Photoshop CS5. J’ai pu bénéficier de conseils techniques personnalisés et adaptés à mon projet. Michel Dubois a pu identifier mes lacunes et des mésemplois. Le fait de maîtriser la technique me permettra de la dépasser dans des projets à venir.

L’écolage a aussi été axé sur la transmission des codes et usages en vigueur pour la représentation du corps humain dans le domaine de la publicité. M’immerger dans cet univers esthétique fait de contraintes et de codes précis, très « académiques » fut fort intéressant. J’ai pu constater, à travers le travail des images, combien celui-ci consiste en une sorte de « négation » de la matière: il ‘agit d’effacer toute aspérité, toute pesanteur, toute résistance… par exemple, l’aspect lisse et lumineux de la peau s’obtient par le flou et la transparence. Cette expérience vient renforcer le constat que notre très contemporain « culte » du corps semble plutôt traduire, à bien des égards, une ancienne « haine » du corps, surtout féminin.

Sophie Langohr


Auteur : Sophie Langohr - Date : 2012