Compte rendu - Résidence au Kala Art Institute, Berkeley - avril 2015

Modifiée le : 23/03/2016

Compte rendu - résidence au Kala Art Institute

Je travaille depuis plusieurs années sur le concept de lisibilité et de disparition de l’image photographique, à la fois comme thématique et comme une réflexion sur le médium. L’invitation du Kala Art Institute se révélait une excellente opportunité pour approfondir et expérimenter ces notions, grâce à leur infrastructure très diverse et développée.

Dès mon premier jour de travail à Kala, j’ai été enthousiasmée par la découverte des nombreuses techniques d’impression que l’Institut pouvait offrir, à la fois anciennes et contemporaines: gravure, lithographie, cyanotype, impression digitale, sérigraphie, studio photo, scans très haute résolution, video, … J’ai trouvé là un terrain idéal pour les expérimentations que je voulais mener.

J’ai commencé à prendre des photographies de plantes dans le studio, que j’imprimais ensuite dans le laboratoire digital, découpait avec un décalage puis reprenait en photo, et ce, à de nombreuses reprises et avec les mêmes paramètres de prises de vue, telle une expérience scientifique. Le résultat est intéressant car la plante devient de plus en plus fantomatique, jusqu’à sa disparition. On ne voit plus que son contour à la fin, car la lumière a pris le dessus sur la forme. Kala est le seul endroit où j’aurais pu faire ce travail aussi efficacement grâce à la proximité de l’imprimante de très haute qualité avec le studio photo et la table de découpe. J’ai profité de l’ouverture 24h/24 des studios de Kala pour faire des marathons nocturnes entre ces différents ateliers, car ils étaient tous libres le soir et la nuit! Ces nuits sont des moments privilégiés de créativité et apportent une foison de nouvelles idées.

Par après, J’ai mélangé dans de grandes compositions des plantes qui avaient été photographiées-découpées-rephotographiées 2, 6 fois ou plus. Les photos de plantes prennent une couleur, une saturation et une allure différente selon le nombre de fois où je réalise ce processus, ce qui donne une sensation de réalité très paradoxale à ces compositions.

J’ai fait par la suite une après-midi de cours de Cyanotype avec un spécialiste qui m’a appris cette ancienne technique de reproduction de l’image. C’était très intéressant, j’ai pu faire des essais avec des portraits. De plus, les essais de cyanotype doivent sécher sous surveillance pendant des périodes limitées au soleil, ce qui m’a permit de joindre l’utile à l’agréable en profitant du soleil californien!

Après de nouvelles recherches, j’ai trouvé une encre de sérigraphie qui permet de faire disparaître des images en plusieurs mois, ce qui me semble très intéressant par rapport au contexte d’une exposition. J’ai donc investi l’atelier de sérigraphie pour imprimer ces portraits. Idéalement, j’aimerais que le portrait soit tout à fait visible le jour du vernissage de l’exposition et qu’il ait disparu complètement lors du finissage. Ce serait une réflexion amusante par rapport au fonctionnement du marché de l’art que de vendre à des collectionneurs des images qui vont disparaître au terme d’une exposition.

En conclusion, cette expérience californienne a été exceptionnelle pour moi: elle m’a permis d’élargir ma connaissance de la culture artistique « West Coast », m’a donné énormément de nouvelles idées et m’a permis d’ouvrir de nouveaux horizons dans ma pratique de la photographie.
Je remercie SMart pour cette opportunité unique.


Auteur : Stéphanie Roland