Isabelle Azais, designer : la musique du cuir, le son des bijoux

Toulouse – Bruxelles : il y a 12 ans , Isabelle Azais a pris un aller simple pour s’installer dans la capitale. Smartienne depuis 2005, cette créatrice dans l’âme décline le cuir en bijoux au gré de ses fantaisies.

Pour brosser son parcours, nous lui avons proposé de compléter trois débuts de phrase (en gras dans le texte). Voici ses réponses…

Création Isabelle AzaïsTout a commencé il y 7 ans, j’ai commencé à inventer différentes techniques du travail du cuir à petite échelle. A cette époque, j'avais mon atelier de peinture dans un squat d'artiste situé dans une ancienne fabrique de sacs, le « Socotann ». C'est dans  les peaux de mauvaise qualité  qui avaient été abandonnées là, que j’ai fait mes premières expériences. Avant cela, j’ai étudié les Beaux-arts en France et travaillé pas mal d'années comme plasticienne (installations et peintures).  La rencontre avec ce matériaux  a été décisive: j’'ai abandonné  les arts plastiques pour les arts appliquées et je me suis spécialisée dans le bijoux en cuir.

En 2005, j’ai ouvert ma première galerie « La Vitrine au soleil »  dans le centre de Bruxelles où j’expose mes créations composées principalement de bijoux en cuir pour tous les jours et des parures couture c’est-à-dire des bijoux d’exception, plus sophistiqués. Forte de mon succès, j’ai ouvert début mai une deuxième Galerie « La Vitrine des oiseaux » située à Saint-Gilles où je peux présenter le travail d'autres créateurs des arts appliqués et des métiers d'arts.

J’aurais besoin de réduire le temps consacré au travail administratif et financier. Actuellement, je travaille seule pour la sélection des exposants, la gestion financière et administrative de mes galeries, ainsi que de tout l’aspect communication…, et ce tout en continuant mon travail créatif. Cela représente beaucoup de travail, même si je délègue pas mal de choses à mon assistante atelier, c’est pourquoi j’aimerais engager un(e) assistant(e) administratif(ve), mais j'ai du mal à en trouver. Il faut reconnaître que c'est plus un problème de salaire que de compétence. Je ne me paie presque rien et j'ai du mal à trouver des gens qui se nourrice de passion comme moi, ce que je peux comprendre.

Je rêve que… dans le cadre de mon nouveau projet « La Vitrine des oiseaux », je puisse partager mon expérience et impliquer d'autres créateurs afin, entre autres, de faire vivre la galerie. Je crois qu'on apprend beaucoup à travers les rencontres et l’échange que ce soit avec le public ou d’autres artistes. Ainsi, plus tard on voit mieux les erreurs à ne pas faire (par exemple : comment j'aborde le responsable, la qualité des dossiers...).

Affiche Azaïs collier Par rapport à la crise… Depuis 12 ans que je vis en Belgique, je n'ai jamais eu le statut d'artiste. Je vois bien que ceux qui l'ont eu ont souvent du mal à retomber dans le marché du travail et s’adapter à des horaires « classiques » comme les salariés.

C'est pour la génération, qui va perdre ce statut ou qui n'y aura pas droit, que je veux mettre en place une structure telle que « La Vitrine des oiseaux » où les artistes pourront se créer leur travail sur les thématiques qui rencontre l’intérêt du public via des stages, formations…
Je crains que dans les années à venir, avec la disparition de ce statut et la diminution des subsides, les artistes doivent utiliser leurs inventivités non plus au service de leurs arts, mais dans une démarche de survie pour leur permettre de « vivoter »… Le risque est alors de voir le temps consacré à ce travail alimentaire prendre le dessus sur la part consacrée au travail artistique, il faudra alors une grosse dose de discipline et d'acharnement au travail pour que la part artistique ne disparaisse pas. Même si mes propos sont pessimistes, je crois qu'il faut réagir à la crise par de nouveaux projets et ne pas se dire que nos générations sont perdues. Je préfère me dire que l’austérité ambiante doit devenir un facteur de stimulation à l’émergence de nouveaux projets plutôt qu’un handicap.


NB : Les propos et opinions exprimés dans le présent texte n'engagent que l'auteur.
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Date:
25/05/2012